Comment témoigner des petits évènements qui ponctuent et jalonnent les parcours (dans l’atelier).
Réappropriation/agglomérats de tentatives interrompues… éléments vitaux de l’entre-deux…
Chaque jour dégager/sarcler un lopin…
(Novembre 2008)
terre
jardin
semis
récolte
bocaux
(été 2009)
Vivre une vie à taille humaine, même dans l’acte de démesure.
Sédimentation, stratification, fragmentation
(jeu de) réappropriation du geste primal
et toujours une histoire de (re-)construction
je continue de mettre la vie de l’atelier en bocaux…
(été 2011)
A propos des «bocaux» de Coralie Courbet
«Cuire» : préparer par le feu.
Le verbe commun à la cuisine et à l’atelier éclaire sans mystère cet ensemble de pièces : «les bocaux» ; réalisés en même temps et dans le même espace de cuisson que ceux qui conserveront les légumes du jardin, ceux-ci conservent les petits extraits d’univers qui, l’entourant, constituent le monde créée par Coralie Courbet.
Notes de voyages ou souvenirs de pièces anciennes, petites choses glanées au hasard des jours, objets insignifiants (mais pas insanes), tout est systématiquement collecté et conservé ici, en milieu stérile. Stocké comme on range les confitures. Chaque bocal est le raccourci calme et silencieux d’un monde où les conflits et les expérimentations eurent lieu. Chaque bocal est saisi par la cuisson. Figés dans une immobilité qui semble dépasser notre temps, ils nous placent hors de la sphère et nous obligent à la contemplation. Il faudrait le collier de Micromegas pour y percevoir les métamorphoses passées. Regarder à travers les diamants ces bijoux enfermés qui, accumulés, tentent la re-création d’une histoire personnelle. C’est par ce jeu du géant et du nain - étant là plus grand que l’espace que l’on contemple - que l’on peut peut-être entrevoir ce qui, inexorablement, nous pousse a continuer à vivre. «Les bocaux», alignés sur les étagères, nous rappellent simplement que la céramique fut d’abord une préoccupation quotidienne. Qu’elle fut liée à la conservation des aliments récoltés et que, par ce fait, elle reste une activité dont dépend, un moment, notre propre survie.
Philippe Godderidge, avril 2012